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Publié le 28 aoû 2024 - Mis à jour le
Le 10 mai 1940, après huit mois de drôle de guerre qui lui ont permis d’achever ses plans d’invasion, l’armée allemande lance son offensive sur le front de l’Ouest.
A travers les Ardennes, l’essentiel de ses divisions blindées s’élance, atteignant la Meuse à Dinant, Monthermé puis Sedan le 12 mai. Face à elles, des unités de la 9e armée française envoyées défendre la rivière et qui seront les premières confrontées à la violence des combats en ce mois de mai 1940.
Comme prévu par le plan Dyle-Breda adopté par l’armée française en mars 1940, c’est à la 9e armée du général Corap que revient la tâche d’être déployée sur la Meuse, à cheval sur la frontière franco-belge. Cette armée est alors essentiellement composée d’unités presque sans moyens de déplacement mais plus grave encore, avec un déficit d’armements dont notamment des armes antichars. Ce sont malheureusement ces unités éreintées par une longue marche sous une chaleur torride qui vont être confrontées à l’attaque allemande. A peine arrivées sur leurs positions dans la journée du 12 mai, elles sont prises à partie par les forces allemandes qui, soutenues par leur aviation, les débordent en de nombreux points, non sans avoir tenté de les ralentir en faisant sauter les ponts.
Dès la journée du 13 mai, les 18e et 22e divisions d’infanterie (DI) du 11e corps d’armée d’une part, et les 61e et 102e divisions d’infanterie du 41e corps d’armée sont disloquées et contraintes au repli. Sous le couvert des bois et le mitraillage incessant de l’aviation allemande, les unités encore organisées, mais le plus souvent constituées en groupements, tentent ainsi de se replier vers l’Ouest, à travers le département des Ardennes, durant les journées du 14 et du 15 mai 1940, et atteignent les limites du département de l’Aisne.
Dans le secteur de la forêt de Saint-Michel, on croise alors des unités de la 4e division d’infanterie nord-africaine (DINA) et la 22e DI et c’est le commandant de cette dernière, le général Hassler, qui donne l’ordre le 15 mai au général Béziers-Lafosse, commandant l’infanterie divisionnaire de la 22e DI, d’organiser et de commander la résistance dans la forêt de Saint-Michel, en occupant les blockhaus de la ligne principale de résistance et de la ligne d’arrêt prévus dans le cadre du plan Escaut, précédent plan d’opérations de l’armée française en 1939.
Rapidement, toutes les colonnes de combattants en repli, quelles que soient leurs unités d’origine, sont rattachées à la 22e DI avec pour mission de tenir leurs positions sans esprit de recul, dans ce qui semble être une mission de sacrifice, les colonnes allemandes approchant sur leurs arrières par la route de Charleville-Mézières à La Capelle. Plusieurs centaines de fantassins, deux groupes d’artillerie, quelques chars du 32e bataillon de chars de combat se retrouvent ainsi en position sur la quarantaine de casemates bétonnées située en forêt de Saint-Michel. Au carrefour 256, aujourd’hui carrefour de l’Etoile, une centaine d’hommes recueillis à Wimy sont placés sous les ordres du lieutenant-colonel Le Barillec, commandant le 62e régiment d’infanterie (RI).
Sans vraiment le savoir, faute de renseignement, les troupes françaises sont bel et bien en train d’être encerclées, puisque la 8e panzerdivision (PzD) du général Kuntzen, qui a surgi des Ardennes par Aubenton, a atteint les faubourgs d’Hirson le 16 mai dans la soirée. Le 17 mai, elle affronte des unités de la 4e DINA à Mondrepuis puis La Capelle, et c’est en fin d’après-midi que les premiers éléments de cette division blindée entrent en contact avec les combattants français qui tiennent la forêt de Saint-Michel. Leurs attaques sont particulièrement courtes mais violentes afin de tester le dispositif français et causent des pertes de part et d’autre.
Le 18 mai dans la matinée, les troupes allemandes effectuent une attaque d’ampleur en venant de Saint-Michel, mais d’autres unités attaquent également simultanément de l’Ouest et de l’Est ainsi que la région de Macquenoise au Nord. La résistance française est acharnée mais attaquant les casemates par leurs angles morts, les troupes allemandes font tomber les positions françaises les unes après les autres, les armes faisant feu jusqu’en fin de matinée avant que les derniers combattants français ne soient contraints de se rendre, faute de munitions.
Méconnus, les combats menés en forêt de Saint-Michel sont certes mineurs en comparaison de ceux qui furent menés dans Mondrepuis ou Brunehamel, tant par l’ampleur des troupes engagées que par les pertes subies, mais n’en constituent pas moins un fait d’armes de combattants français ayant décidé de résister sans esprit de recul.
Soucieux de faire perdurer la mémoire de ces combats et des combattants qui y laissèrent la vie les 16, 17 et 18 mai 1940 en forêt de Saint-Michel, l’Association Saint-Michelloise du Souvenir de Mai 1940 a inauguré ce monument en 2003, et propose des circuits routiers et pédestres « Sur les traces de Maginot », afin de redécouvrir les vestiges de la ligne de fortifications sur laquelle les troupes françaises s’appuyèrent lors de ces combats.