Publié le 10 sep 2024 - Mis à jour le

80 ans de la Libération – Massacres sur la Serre et en Thiérache

A la fin du mois d’août 1944, de nombreuses villes de l’Aisne ont déjà été libérées et les forces d’occupation reculent inexorablement vers le nord. L’espoir et l’enthousiasme sont au plus haut pour les populations, mais cette Libération en marche va pourtant être le cadre des pires exactions allemandes.

30 août 1944 : Tavaux aux mains des SS

Dans la commune de Tavaux, comme partout ailleurs en cette fin août 1944, on attend l’arrivée des Américains. La liberté est imminente ! Mais comme l’explique l’historien Alain Nice, auteur de plusieurs ouvrages sur la Résistance et sur ces événements en particulier « La Résistance a reçu des ordres : ils doivent attaquer et harceler l’ennemi pour désorganiser sa retraite. En plus de cela, on leur a parachuté des armes deux jours auparavant et ils n’ont qu’une envie : s’en servir. »

Dans son rapport, le lieutenant Maujean pointe le fait que ce terrible massacre se déroule alors que les troupes américaines sont à Marle, à quelques kilomètres de là. Mais les chars américains n’entreront dans le village que le lendemain soir, une fois la localité entièrement libérée par les résistants du secteur.

Consultez le témoignage vidéo de Madame Georgette Boulande, habitante de Tavaux

©Archives départementales de l’Aisne

31 août : les assassins surgissent à Plomion

Dans leur fuite devant les troupes alliées, les deux divisions SS vont continuer à semer terreur et mort. Le 31 août, à Hary, à Braye en Thiérache ainsi qu’au hameau du Val Saint Pierre et de la Correrie, les SS pillent et incendient les maisons. Une jeune femme est abattue, et un homme grièvement blessé par balles. En fin d’après-midi, ils font irruption dans le village de Plomion. Au prétexte qu’ils ont essuyé des tirs au lieu-dit La Comtesse, à deux kilomètres de là, ils entrent dans les maisons pour les piller puis les incendier. Mais cela ne leur suffit pas. Ils cherchent alors les hommes du village. 14 malheureux sont réunis, le plus jeune a 16 ans, le plus âgé 72. Ils sont amenés dans une pâture à la sortie du bourg. Là, cachées derrière une haie, deux habitantes du village, Mesdames Delaby et Boutillier assistent impuissantes à leur exécution : une rafale de mitraillette dans les jambes, une deuxième en travers du corps. Les malheureuses victimes sont ensuite achevées à la baïonnette et à coups de crosses sur le crâne.

Monument aux fusillés de Plomion

Les témoignages croisés de plusieurs observateurs indiquent que les tueurs faisaient partie des divisions Adolf Hitler et Hitlerjugend mais l’identité des officiers reste incertaine. Cependant, un élément consigné par le capitaine Couraux de la gendarmerie de Vervins atteste de la présence du major Kurt Meyer dans le secteur,  l’auteur du rapport avance qu’il était très probablement l’officier commandant les opérations : le lendemain du massacre, le 1er septembre, l’officier SS se fait remettre des médicaments à la pharmacie Lemaire de Vervins et signe la facture à la demande du pharmacien. Son véhicule porte une troublante inscription à la craie sur la carrosserie, indiquant “Plomion 31-8-1944“. Capturé par des résistant belges une semaine plus tard, le major Meyer sera jugé en 1945 par une cour martiale canadienne pour des crimes de guerre impliquant l’exécution de 18 prisonniers canadiens, mais son éventuel rôle dans les événements survenus en Thiérache n’est pas mentionné. Il est condamné à mort, mais voit sa peine commuée en prison à perpétuité. Il est pourtant libéré pour bonne conduite en 1954 et rentre en Allemagne. Il succombera à une crise cardiaque en 1961 à l’âge de 51 ans.

2 septembre 1944 : les hameaux du Gard et de la Junière à feu et à sang

La série noire continue entre Boué, Étreux et La Neuville-lès-Dorengt, toujours selon le même schéma : les résistants mènent des attaques et les SS se vengent sur les populations civiles.