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Publié le 26 aoû 2024 - Mis à jour le

16 mai 1940, les combats de Dizy-le-Gros

Le 15 mai 1940, la percée allemande est un fait et la Meuse franchie. L’armée française tente alors de rétablir la situation et de déterminer l’axe de progression des divisions blindées allemandes qui ont surgi des Ardennes. Le 3e régiment d’autos-mitrailleuses (3e RAM), alors de retour d’une mission à la frontière luxembourgeoise, reçoit l’ordre de faire mouvement en direction du département de l’Aisne. Toutefois seules les unités les plus rapides peuvent effectivement faire le trajet et bientôt quinze automitrailleuses AMD 178 Panhard et 30 side-cars se dirigent à toute vitesse vers l’Aisne.

Mais où va l’armée allemande ?

Carte de l’invasion de la Thiérache ©F.Lefort, CD02

Manquant d’informations sur l’avancée des troupes allemandes dans la région, qui évolue d’heure en heure, mais hanté par la crainte d’un plan qui viserait Paris comme en 1914, le Grand Quartier Général de l’armée française a en effet deux préoccupations : protéger la route de la capitale et positionner des unités françaises sur les flancs de l’avance allemande afin de la contenir le moment venu. C’est pour cette raison que la 3e division légère de cavalerie (3e DLC) à laquelle est rattaché le 3e RAM est mise à la disposition de la 6e armée qui se met en place sur l’Aisne.

Prendre de vitesse l’armée allemande

Envoyés sur Lislet et Montcornet afin d’y tenir les ponts sur la Serre et le Hurtaut, l’escadron d’autos-mitrailleuses du capitaine Weygand et les escadrons de fusiliers motocyclistes des capitaines de Brignac et de Roys, placés sous le commandement du commandant de Lamotte-Rouge, arrivent en vue de ces localités le 16 mai en début de matinée. Quelle n’est pas leur déconvenue de constater qu’après avoir parcouru tant de kilomètres, les avant-gardes allemandes les ont devancés et des armes antichars leur empêche toute approche des ponts. En conséquence, le commandant de la Motte Rouge décide de se replier sur Dizy-le-Gros et de mettre le village en défense en attendant de nouveaux ordres.

 

Dizy-le-Gros assaillie par les panzers

Nœud routier majeur de la région entre Montcornet et Reims, Dizy-le-Gros est mis en état de défense à partir de 9h30 par le commandant de la Motte Rouge, dont les maigres moyens sont répartis à chaque sortie du village et des barricades sont dressées. Mais Dizy-le-Gros s’avère malheureusement être sur l’axe de progression de la 1ère PzD. venant des Ardennes, et au lieu de voir l’armée allemande l’attaquer par le nord, c’est par le sud et l’est du village que les premiers blindés allemands font irruption vers 15h30 et se répandent rapidement dans le village, prenant les barricades à revers. Les deux escadrons motocyclistes n’ayant que des fusils-mitrailleurs FM 24/29 et des mortiers de 60 mm à leur opposer, la défense française est presque impossible, tandis que les automitrailleuses, dont le blindage ne dépasse pas 20 mm, sont rapidement détruites ou immobilisées par les chars.

Colonnes de véhicules semi-chenillés de la 1. PzD dans l'Aisne le 16 mai 1940. ©Kurt Boecker/Luftwaffe K.B.K. 4/ECPAD/Défense/DAA 499 L7

Une résistance désespérée

Maison après maison, les troupes allemandes prennent possession du village, et rapidement la rue principale est sous leur contrôle, tandis que les positions françaises sont encerclées. La résistance des hommes du 3e RAM n’en est pas moins audacieuse si l’on en croit les récits des survivants. Ainsi, afin de couvrir le regroupement de ses hommes derrière une barricade, le lieutenant Leroy-Beaulieu, armé de son fusil-mitrailleur, traverse une rue entre deux chars et est abattu par la mitrailleuse de l’un d’eux. Le commandant de La Motte Rouge et le lieutenant Pissavy tentent de leur coté de placer des mines antichars dans une rue, mais repéré par un char allemand alors qu’il resserre les mines sur la chaussée, le lieutenant Pissavy est abattu.

Ailleurs, quelques hommes refugiés dans une maison réussissent à récupérer un fusil-mitrailleur et le capitaine de Roys, champion de tir, abat plusieurs officiers allemands d’après les récits des combats (plusieurs tués sont effectivement recensés, dont le Hauptmann Waldmann). Toutefois, en dehors de quelques faits d’armes héroïques, isolés dans les maisons, les hommes du 3e RAM, dont de nombreux blessés, doivent cesser le combat vers 16h30 et la plupart sont faits prisonniers.

Automitrailleuse française AMD 178 Panhard capturée
par l’armée allemande dans le Laonnois, mai 1940
© Arch. dép. Aisne, 2 Fi 13

Conclusion

Profitant d’un bombardement de Dizy-le-Gros par l’aviation française en fin de journée, des prisonniers ainsi que les derniers combattants français encore cachés dans les maisons, dont le capitaine de Roys, en profiteront pour quitter le village. Après une longue marche, ils rejoindront les lignes françaises vers 7h du matin et pourront informer leurs chefs de la forte présence des blindés allemands. Au total seules quatre autos-mitrailleuses et une trentaine de side-cars du 3e RAM répondront à l’appel le lendemain des combats à Sissonne. L’armée allemande réutilisera immédiatement les autos-mitrailleuses capturées à Dizy-le-Gros encore en état et s’en servira dans les semaines suivantes pour pouvoir approcher des positions françaises avant de les attaquer.

Quant aux rescapés, ils poursuivront le combat durant toute la bataille de France, et c’est pourquoi le monument érigé à Dizy-le-Gros rend aujourd’hui hommage à tous les morts du 3e régiment d’autos-mitrailleuses décédés durant la bataille de France, sur les lieux où se livra l’un des premiers combats importants sur le territoire axonais en mai-juin 1940.

Monument aux morts du 3e régiment d’autos-mitrailleuses
à Dizy-le-Gros. ©Conseil dép. de l’Aisne

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