1814
Publié le 04 nov 2024 - Mis à jour le
Under Første Verdenskrig tjente næsten 26.000 mand fra Nordslesvig, annekteret af Kongeriget Preussen i 1867, i den tyske kejserlige hær og mere end 6.000 mistede livet. De var "på trods af os" af Danmark. Dette område blev dansk igen i 1920, Kongeriget Danmark besluttede at samle disse mænds grave på den samme kirkegård, indviet den 15. juni 1924. Anerkendt for sin usædvanlige universelle værdi, er dette mindested inkluderet på verdensarven liste over UNESCO siden 20. september 2023. Denne kirkegård er en del af "Begravelses- og mindesteder for Første Verdenskrig (Vestfronten)". I dag huser den 80 mands grave og ærer alle de danskere, der faldt under den store krig på vestfronten.
Durant la Première Guerre mondiale, près de 26 000 hommes originaires du Slesvig du Nord servirent au sein de l’armée impériale allemande et plus de 6 000 y laissèrent la vie. Inauguré en 1924, le cimetière militaire danois de Braine rassemble les sépultures de 80 d’entre eux, et fait partie des sites inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2023.
L’histoire des hommes qui reposent dans le cimetière militaire danois de Braine est particulière, et se trouve liée à l’histoire du Danemark et de l’Allemagne. En 1864, au terme de la guerre des duchés, la Prusse et l’Autriche-Hongrie mettent la main sur les Duchés du Slesvig, du Holstein et de Lauenbourg par le traité de Vienne. Toutefois l’entente ne dure pas entre les vainqueurs du Danemark et après la guerre austro-prussienne de 1866, la Prusse annexe purement et simplement les trois duchés à son royaume, prémices à l’unité allemande qui s’achève par la proclamation de l’Empire allemand le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles.
Le 1er août 1914, après plus de quarante années de souveraineté prussienne, la Première Guerre mondiale éclate pour la population du Slesvig. Dans la soirée, l’ordre de mobilisation est diffusé et tous les hommes en âge d’être mobilisés reçoivent l’ordre de rejoindre les régiments stationnés dans l’ancien duché, en particulier l’Infanterie-Regiment Nr 84 caserné dans les villes de Haderslev et de Slesvig, et le Füsilier-Regiment Nr 86, caserné à Sønderborg et Flensbourg. Arrivés dans ces casernes, ils sont équipés d’uniformes de l’armée impériale allemande et sont affectés à ces régiments ou aux régiments de Réserve de ces unités (Reserve-Infanterie-Regiment Nr 84 et Reserve-Infanterie-Regiment Nr 86), ou encore de Landwehr, et la plupart partiront vers le front dans les jours qui suivent.
Les combattants du Slesvig du Nord vont dans leur grande majorité combattre durant la Première Guerre mondiale au sein de la 18. Division et de la 18. Reserve-Division, qui regroupent alors les régiments des anciens Duchés du Slesvig et du Holstein et leurs unités de réserve mobilisées. Ainsi, ceux de la 18. Division connaissent leur baptême du feu à Tirlemont en Belgique puis participent à la bataille de Mons au sein du 9e corps de la 1ère armée allemande du général von Kluck tandis que ceux de la 18. Reserve-Division combattent à Louvain et Malines.
Sous la chaleur du mois d’août 1914, les hommes de la 18. Division pénètrent en France et traversent le département de l’Aisne, franchissant la Somme près de Nesle le 30 août. A l’aile droite des armées allemandes dans le cadre du plan Schlieffen, le commandement allemand exige alors de ces soldats qu’ils effectuent de longues marches sous une chaleur accablante, si bien que le 31 août, l’Aisne est franchie à son tour en aval de Soissons, puis la Marne le 3 septembre.
Epuisés par quatre semaines de marche, manquant de pain et sans nouvelles de chez eux, les hommes de l’Infanterie-Regiment Nr 84 et du Füsilier-Regiment Nr 86 connaissent quelques heures de repos le 6 septembre mais sont rapidement engagés dans la bataille de la Marne, où ils subissent de lourdes pertes. Le 7 septembre, l’ordre de repli tombe. A marches forcées, ces hommes sont jetés dans la bataille de l’Ourcq pour couvrir le flanc de la 1ère armée allemande, avant de se replier à nouveau vers le nord, talonnés par les troupes britanniques.
Exténués, ils retraversent l’Aisne le 12 septembre et sous une pluie battante, les hommes du Füsilier-Regiment Nr 86 viennent creuser leurs tranchées dans l’épaisse boue des hauteurs au sud d’Audignicourt et de Vassens tandis que ceux de l’Infanterie-Regiment Nr 84 s’installent dans le secteur de la ferme Colombe dans l’Ouest du Chemin des Dames, marquant la fin de leur repli et le début de la guerre de position.
Les débuts de la guerre des tranchées voient les hommes de la 18. Reserve-Division tenir les tranchées dans le secteur de Roye-Noyon jusqu’en octobre 1915, tandis que ceux de la 18. Division tiennent celles de Moulin-sous-Touvent, de Dreslincourt puis celles devant la ferme de Quennevières jusqu’en 1915, en particulier ceux du Füsilier-Regiment Nr 86. En effet, les hommes de l’Infanterie-Regiment Nr 84 connaîtront quant à eux la neige et la pluie des tranchées d’Alsace, de Wattwiller et du Hartmannswillerkopf, tandis que d’autres seront engagés dans les combats au nord de Soissons.
Après une période de repos et d’entraînement à Guise en mars 1915, les Slesvigeois de l’Infanterie-Regiment Nr 84 connaîtront la guerre des mines en Champagne à Sommepy et Tahure entre avril et juillet 1915, avant de rejoindre la Pologne pour participer à l’offensive de la Narew contre la 1ère armée russe.
De retour en France en septembre 1915, ils relèvent leurs camarades du Füsilier-Regiment Nr 86 dans les tranchées de la ferme de Quennevières à Moulin-sous-Touvent jusqu’en janvier 1916, tandis que ces derniers sont embarqués à Tergnier le 14 octobre 1915 en direction de Vouziers. Ils y participeront à la prise de la ferme de Navarin en février 1916, avant de retrouver la vie des tranchées dans la craie de Champagne, tandis que leurs camarades de la 18. Reserve-Division seront redéployés en Artois jusqu’en juin 1916.
L’année 1916 les batailles de Verdun et de la Somme touchèrent durement les soldats slesvigeois. Ainsi, les hommes de l’Infanterie-Regiment Nr 84, après une période de repos et d’entraînement dans la vallée de la Serre et l’aménagement de tranchées dans l’Ouest du Chemin des Dames, sont engagés dans les combats de la cote 304 à Verdun à partir de mai 1916. Là-bas ils supportent les bombardements et les tranchées remplies d’eau de Malancourt, celles de Fleury-devant-Douaumont en septembre 1916, les combats à la grenade et la défense du secteur de Douaumont en octobre 1916.
Pendant ce temps, ceux du Füsilier-Regiment Nr 86 sont transférés en réserve dans la Somme suite à l’offensive franco-britannique du 1er juillet 1916. Ils y relèvent la 4. Garde-Division devant Belloy-en-Santerre au mois d’août avant d’occuper les tranchées de Miraumont dans la vallée de l’Ancre à la fin de l’année 1916, front que connaîtront aussi les réservistes de la 18. Reserve-Division.
Au début de l’année 1917, les hommes de l’Infanterie-Regiment Nr 84, après une période de repos, seront engagés dans le secteur de Thiaucourt jusqu’en avril 1917. Transférés en Champagne suite à l’offensive du Chemin des Dames, ils combattent notamment à Pignicourt en avril puis Sainte-Marie-à-Py de mai à juillet 1917 avant d’être placés en réserve près de Charleville-Mézières. Ceux du Füsilier-Regiment Nr 86 s’installeront quant à eux dans le secteur de Bullecourt au sud d’Arras jusqu’à l’opération Alberich, puis près de Douai en avril, et enfin dans le secteur d’Havrincourt au sud-est de Cambrai de mai à août 1917.
Suite au déclenchement de l’offensive alliée le 31 juillet 1917 autour d'Ypres, les hommes de l’Infanterie-Regiment Nr 84 et du Füsilier-Regiment Nr 86 sont engagés dans les Flandres, mais tandis que les premiers participent aux combats d’Havrincourt puis à la bataille de Cambrai d’août à novembre 1917 – de même que ceux de la 18. Reserve-Division –, les seconds sont transférés en septembre sur le front oriental à Vilnius (Lituanie).
Au début de l’année 1918 les Slesvigeois de l’Infanterie-Regiment Nr 84 et du Füsilier-Regiment Nr 86 combattent à nouveau ensemble en Alsace entre janvier et février 1918 puis s’entraînent dans la région de Dieuze avant de rejoindre à nouveau le secteur de Cambrai pour participer à l’offensive de mars 1918. En avril 1918, tandis que les réservistes de la 18. Reserve-Division sont engagés dans les combats d’Armentières, ceux de l’Infanterie-Regiment Nr 84 combattent dans la forêt de Moreuil et sur les rives de l’Avre où ils subissent de lourdes pertes. Après une période de repos, ils participeront aux combats au sud d’Albert en mai-juin 1918 puis seront engagés en juillet-août 1918 près de Margny-sur-Matz avant de se replier avec l’ensemble de l’armée impériale allemande.
De leur côté, les hommes du Füsilier-Regiment Nr 86 sont déployés fin juillet au sud de l’Aisne dans le sillage de la 7e armée allemande qui a percé au Chemin des Dames le 27 mai 1918, puis se replieront sur la Vesle. De manière générale, à la fin de l’été 1918, tout le front des armées allemandes s’effondre alors devant l’offensive alliée, et si les réservistes de la 18. Reserve-Division combattent en Flandres puis sur la ligne Siegfried entre Cambrai et Saint-Quentin, les hommes de l’Infanterie-Regiment Nr 84 combattent de leur côté non loin de là, à Vendhuile. Fin septembre 1918 ils affrontent les troupes américaines sur le canal de Saint-Quentin avant de se replier vers Le Cateau-Cambrésis. A la mi-octobre, ils retrouvent le Füsilier-Regiment Nr 86 pour défendre le canal de la Sambre à l’Oise avant de se replier vers Maubeuge jusqu’au cessez-le-feu du 11 novembre 1918.
Une fois le Rhin traversé, les hommes du Füsilier-Regiment Nr 86 arriveront à Sønderborg et Flensbourg les 24 et 25 décembre 1918 pour les fêtes de Noël, pour la plus grande joie de la population civile. 3 905 officiers et soldats de ce régiment avaient été tués en quatre ans. Ceux de l’Infanterie-Regiment Nr 84 ne regagneront leurs foyers que les 6 et 7 janvier 1919, et seront démobilisés le lendemain, le chiffre de leurs pertes n’est pas connu. Les hommes des Reserve-Infanterie-Regiment Nr 86 et Reserve-Infanterie-Regiment Nr 84 regagneront eux-aussi le Slesvig, ce dernier régiment ayant perdu 82 officiers, 305 sous-officiers et 2 426 hommes tout au long du conflit.
Les combattants originaires du Slesvig faits prisonniers par les Alliés furent dès le début du conflit, à l’initiative de l’universitaire Paul Verrier (1860-1938), identifiés comme devant bénéficier d’un régime de faveur et des camps spéciaux furent ouverts à Aurillac (Corrèze) et Feltham (Angleterre) afin qu’ils soient traités au même titre que les Alsaciens et Mosellans. A compter d’avril 1915, les soldats d’origine danoise furent accueillis à l’école Albert d’Aurillac puis dans l’ancienne résidence de l’évêque de Saint-Flour à Aurillac à partir de 1916. Cibles d’une germanisation forcée durant plusieurs années, ils purent entre autres disposer d’une bibliothèque dans ces camps, recevoir les journaux danois, suivre des cours d’histoire et de géographie. Ils pouvaient aller travailler dans les exploitations agricoles ou chez les artisans corréziens, et nombreux furent ceux qui furent employés aux travaux d’aménagement du parc Hélitas à Aurillac. Le 13 novembre 1918, les prisonniers slesvigeois rédigèrent une lettre au Gouvernement français afin d’exprimer leur attachement au Danemark, et ils purent regagner leur patrie en 1919.
A l’issue de la Première Guerre mondiale, des plébiscites sont organisés dans l’ancien Duché du Slesvig les 10 février (pour le futur Slesvig du nord) et 14 mars 1920 (pour le Slesvig central) pour déterminer la future frontière entre l’Allemagne et le Danemark. A l’issue du vote, le Slesvig du nord, majoritairement de langue danoise, fut réuni au Danemark et nommé officiellement « Jutland du Sud ». Au total, on estime que plus de 26 000 soldats originaires du Slesvig ont été mobilisés pour servir dans l’armée impériale allemande entre 1914 et 1918. Selon les recherches menées par les bénévoles et les historiens du Museum Sønderjylland dans le cadre du projet « Den Store Krig 1914-1918 » (https://denstorekrig1914-1918.dk), 6 665 d’entre eux sont morts ou portés disparus au cours du conflit et aujourd’hui encore, la plupart sont inhumés dans des cimetières militaires allemands.
En 1922, la France s’étant engagée à ce que toutes les tombes des soldats slesvigeois soient rassemblées, les dépouilles de combattants identifiés comme tels dans les cimetières allemands furent exhumées sous le contrôle du Comité franco-danois. Avec l’accord des familles, 79 corps provenant principalement de l’Aisne, de la Somme, de la Marne, de la Meuse, du Nord, du Pas-de-Calais mais aussi du cimetière militaire provisoire du camp de prisonniers d’Aurillac furent rassemblés à Braine, lieu choisi pour la création du nouveau cimetière militaire danois.
Inauguré le 15 juin 1924, le cimetière militaire danois de Braine s’apparente dans son aménagement aux cimetières construits au Danemark, et de la terre danoise fut d’ailleurs apportée pour renforcer la symbolique du lieu. Rendant davantage hommage aux hommes qu’aux soldats s’étant battus pour une Patrie qui n’était pas la leur, les stèles ne font pas référence aux grades ou aux unités militaires au sein desquelles ils ont combattu, et mettent l’accent sur le village d’origine de ces hommes. Au fond du cimetière se dressait à l’origine une croix en bois. Celle-ci sera remplacée par un monument en pierre du Danemark dessiné par l’architecte danois Oscar Gundlach-Pedersen (1886-1960) et inauguré le 7 mai 1934 en présence des gouvernements danois et français. On peut y lire l’inscription « Sacrificium Vitae, Patria Vita » ainsi que les armes danoises et slesvigeoises réunies sous une seule couronne, symbole de la réintégration de cette province dans le royaume de Danemark en 1920. Derrière ce monument, les murs du cimetière portent la liste des noms de 5 333 soldats du Slesvig recensés comme morts pendant la Première Guerre mondiale, gravées sur des plaques en verre.
Le 15 juin 2024, à l’occasion de la cérémonie commémorative du centenaire du cimetière militaire danois de Braine, le corps de Erik Petersen SKØTT, décédé à Verdun à l’âge de 21 ans, a été inhumé aux côtés de ses camarades, portant à 80 le nombre d’hommes originaires du Slesvig du Nord à reposer dans le cimetière de Braine, dont voici la liste :
Aujourd’hui, le cimetière militaire danois de Braine est placé sous la protection de la fondation du Slesvig au Danemark et de la Ville de Braine. C’est un lieu de recueillement unique en France mais aussi un lieu de mémoire pour la nation danoise et des cérémonies régulières s’y tiennent chaque année pour entretenir le souvenir des combattants danois. Ainsi le 15 juin 2013, à l’issue de sa réhabilitation, le cimetière a accueilli une cérémonie solennelle en présence du prince Joachim de Danemark, d’une importante délégation danoise et des autorités civiles et militaires françaises.
Reconnu pour sa valeur exceptionnelle, ce site d’une haute portée symbolique pour le Danemark et la France a été inscrit le 20 septembre 2023 sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO aux cotés de 138 autres « Sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale (Front Ouest) ».
A l’occasion du premier anniversaire de l’inscription du cimetière danois de Braine sur la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO. et du 110e anniversaire du début de la Première Guerre mondiale, une borne du réseau départemental « Aisne Terre de Mémoire » a été inaugurée en ce lieu le 11 novembre 2024, afin de valoriser cette histoire et mettre en lumière ce cimetière et les soldats danois qui y reposent.
À l’initiative de la Région Hauts-de-France et de l’association Art & Jardins Hauts-de-France, des « Jardins de la Paix » aménagés par des artistes et paysagistes originaires des nations qui ont combattu pendant la Première Guerre mondiale ont vu le jour à proximité des hauts lieux de souvenir durant le Centenaire de la Première Guerre mondiale afin de souligner à la fois la dimension internationale du conflit et la force de la fraternité possible pour préserver un avenir de paix. Inspirées par les paysages danois et leur poésie, les paysagistes Elzelina Van Melle et Rikke Thiirmann Thomsen ont réalisé un jardin de la Paix danois intitulé « Border Land » en 2022 afin de rendre hommage aux plus de 26 000 Slesvigeois enrôlés dans l’armée impériale allemande durant la Première Guerre mondiale. Celui-ci jouxte le cimetière militaire danois de Braine, et fut inauguré le 11 novembre 2022 en présence de Son Altesse Royale le Prince Joachim du Danemark. On y trouve notamment un large peuplement de vivaces autour de la surface pavée centrale, qui fleurissent blanc et rouge tout au long du printemps et de l’été, rappelant les couleurs nationales danoises. Les briques qui composent la surface pavée proviennent du Jutland du Sud, chaque pierre représente le sacrifice des 6 490 soldats danois morts au combat pendant le conflit.